Chez Hachette, la chute d’Isabelle Saporta face à l’ouragan Lise Boëll

La reprise en main par Vivendi du premier groupe d’édition français s’intensifie avant la publication du premier livre de Jordan Bardella.

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Vivendi a fermement pris les manettes de Lagardère et de sa pépite Hachette, numéro trois mondial de l’édition (Hatier, Calmann-Lévy, Grasset, Fayard, Larousse, Le Livre de Poche...).
Vivendi a fermement pris les manettes de Lagardère et de sa pépite Hachette, numéro trois mondial de l’édition (Hatier, Calmann-Lévy, Grasset, Fayard, Larousse, Le Livre de Poche...). © MOURAD ALLILI/SIPA

Temps de lecture : 3 min

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C'est la preuve que Vivendi a fermement pris les manettes de Lagardère et de sa pépite Hachette, numéro trois mondial de l'édition (Hatier, Calmann-Lévy, Grasset, Fayard, Larousse, Le Livre de Poche…). La PDG de Fayard Isabelle Saporta, nommée en juin 2022 à la tête de la maison après l'éviction de Sophie de Closets, a été écartée de son poste, a appris Le Point.

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Convoquée vendredi 8 mars à une réunion avec Stéphanie Ferran, directrice générale déléguée d'Hachette, elle a une nouvelle fois refusé de signer une licence Fayard/Mazarine afin que Lise Boell, nouvelle patronne de Mazarine, puisse publier des ouvrages sous la licence sans lui demander. Elle s'est vu remettre une lettre de convocation à un entretien préalable à son licenciement. Le 8 mars au soir, il n'était pas encore clair si Lise Boëll ou une autre personnalité de l'édition serait nommée à la tête de Fayard.

Autrefois éditrice d'Éric Zemmour, aujourd'hui chargée notamment des livres de Philippe de Villiers, dont l'émission hebdomadaire est codiffusée sur CNews et sur Europe 1, Lise Boëll est surnommée par ses contempteurs « l'éditrice de la fachosphère ». En juin, elle doit publier le premier livre du jeune président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

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Ces dernières semaines, les luttes de pouvoir entre Isabelle Saporta et Lise Boëll n'ont cessé de croître. La première, ex-journaliste à Europe 1, a fini par perdre le soutien jusqu'ici indéfectible de l'ex-président Nicolas Sarkozy, administrateur du groupe Lagardère, propriété depuis l'automne 2023 de Vivendi, et proche tant d'Arnaud Lagardère que de Vincent Bolloré. Si Isabelle Saporta se vante d'avoir redressé le chiffre d'affaires de Fayard à 34 millions d'euros en 2023 (contre une quinzaine de millions en 2022), cette bonne année tient beaucoup aux succès de contrats signés par sa prédécesseure Sophie de Closets, comme les mémoires du prince Harry (Le Suppléant) et l'autobiographie du chanteur Florent Pagny (Pagny par Florent).

Bataille sur l'utilisation de la marque Fayard

Certes, d'autres ouvrages supervisés par Isabelle Saporta ont réalisé des performances honorables, tels que Au commencement était la guerre d'Alain Bauer et Journal de guerre : c'est l'Occident qu'on assassine de l'avocat Gilles-William Goldnadel, chroniqueur sur CNews. Néanmoins, le troisième volume des mémoires de Nicolas Sarkozy, Le Temps des combats, publiés chez Fayard, a beaucoup déçu, en s'écoulant à moins de 80 000 exemplaires. Un échec, comparé au Temps des tempêtes et Passions, vendus chacun à 250 000 exemplaires et publiés par Muriel Beyer aux éditions de l'Observatoire.

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La nomination récente de Lise Boëll à la tête de Mazarine, maison de « new romance » séparée à l'occasion de son arrivée de sa maison mère Fayard, a mis le feu aux poudres. Éditrice surtout de « non-fiction », elle avait obtenu de la direction d'Hachette de pouvoir publier ces ouvrages sous une licence Mazarine-Fayard. Ce qu'Isabelle Saporta a donc refusé catégoriquement. Le propriétaire Vivendi s'est alors retrouvé face au même casse-tête créé par la nomination de Lise Boëll à Plon, dirigée à l'époque par Céline Thoulouze, quand il était propriétaire d'Editis. À savoir, une maison d'édition déchirée en deux camps fidèles à chacune des éditrices. En licenciant Isabelle Saporta, il donne finalement raison à Lise Boëll.

Manœuvres en coulisses

Selon une source proche d'Hachette, Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, et Nicolas Diat, essayiste et éditeur de Fayard réputé proche de Vincent Bolloré et des cardinaux Sarah et Bustillo, ont poussé la nomination à Mazarine de Lise Boëll au détriment d'Isabelle Saporta, lâchée par Arnaud Lagardère et Stéphanie Ferran.

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Commentaires (16)

  • straight...

    Qui paie, commande...
    Les journaux n'appartiennent pas aux journalistes, et pas plus cette fois avec cette dame qui est juste salariée et donc là pour mettre en oeuvre les désirs de l'actionnaire principal : car s'il se "plante" (en suivant par exemple les goûts fortement teintés d'un strabisme à gauche de cette personne... , ) c'est lui et lui seul qui épongera les pertes !
    C'est la logique de la libre entreprise et c'est très bien ainsi.

    Si on comprend bien, on voit également que l'idée que le leader politique évoqué ne trouve au final aucun éditeur conviendrait très bien à cette dame ! Bravo la démocratie !
    Si Mme Saporta veut être maître chez elle (et, gardant ses oeillères en béton, ne publier que ses chers amis du "Camp du Bien" auto-proclamé... ), elle n'a qu'à créer sa propre maison d'édition et assumer tous les risques qui s'y attachent.
    Point barre !

  • Kermar

    Bolloréc sectaire ? Regardez les pubs produites par Havas qui sont aussi woke et bien pensantes que celles de la famille badinter a savoir Publicis. Vous semblez repeter ce que vous entendez a france inter ou autre media bolcho sans rien connaitre de cette famille, de ses business et de sa formidable reussite sur plusieurs generations !

  • Irvingboyd

    Je ne garderai sue votre dernier mot pour qualifier votre commentaire … sectaire